Kinya Maruyama, architecte tokyoïte au sourire bienveillant, nous ouvre ses magiques carnets de travail. On découvre, à travers ses influences et ses nombreux workshops, un architecte soucieux d’une architecture pour les gens et pour l’environnement.
Portrait de cet architecte atypique : Kinya Maruyama a beaucoup construit, maisons individuelles, ateliers, crèches, écoles maternelles, centres de loisirs, centres pour handicapés, maisons de retraite, cliniques, immeubles d’habitation et de bureaux, magasins, hôtels, restaurants, salles de concert, etc.
Il a aussi dessiné des parcs, des schémas directeurs et des plans d’aménagement urbain. Le livre*, illustré par ses carnets colorés et des photos des workshops, met surtout l’accent sur l’un de ses plus récents et beaux projets : le Jardin étoilé de Paimbœuf, sur les bords de la Loire. En 2001, Kinya Maruyama avait déjà travaillé dans cette région, en organisant avec le collectif Team Zoo, un workshop au Lieu Unique. Jean Blaise, son directeur, fut totalement charmé et lui proposa donc de participer en 2007 à sa biennale Estuaire. L’histoire de ce jardin, récemment classé “Jardin remarquable” de Loire-Atlantique, nous est contée ici. Dessiné à partir de la constellation de la Grande Ourse et des quatre points cardinaux, où l’on peut déambuler, grimper, se reposer, ce jardin est construit en utilisant des matériaux de la région et grâce à de multiples solidarités (habitants, élèves…). En 2008, l’architecte revient à plusieurs reprises sur la commune pour effectuer de nouvelles plantations et définir la continuité de cette réalisation. En 2009, Kinya Maruyama consolide son projet initial et étend l’emprise du Jardin étoilé vers l’ouest. Voient le jour, notamment, une arche portail en bois et métal, végétalisée avec des plantes grimpantes – avec une lumière alimentée par un vélo électrique –, des clôtures magiques, des toilettes sèches, de même qu’un potager solidaire et ouvert au public.
Fin février 2010, la tempête Xynthia a détruit une très grosse partie du jardin. Kinya Maruyama est en train de réfléchir à la pérennité des constructions et à la façon dont ils feront les réparations.
Né en 1939, Kinya Maruyama, est un ancien élève de Takamasa Yoshisaka, professeur d’architecture pionnier du modernisme japonais. En 1969, il crée l’Atelier mobile. Il est l’un des membres fondateurs du Team Zoo, une coopérative d’agences d’architectes à géométrie variable. Ces architectes, regroupant actuellement onze ateliers financièrement indépendants, se reconnaissent dans une méthode d’appréhension des projets, un travail collectif et un souci écologique dans l’utilisation des matériaux et des techniques de construction. S’associant sur des projets, ces équipes se distinguent par l’attention qu’elles portent au contexte, à l’environnement, aux pratiques quotidiennes et à la tradition. Kinya Maruyama enseigne à l’université de Waseda – Arts and Architecture School, à Tokyo.
En 2006, il a encadré des étudiants de l’atelier international de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble et a participé aux ateliers du festival Grains d’Isère organisé par le laboratoire CRATerre-Ensag aux Grands Ateliers de l’Isle-d’Abeau. Son projet pour l’École Tokiwa et de nombreux autres ont été publiés dans Japan Architect et L’Architecture d’aujourd’hui. Le projet lauréat de Team Zoo pour le concours de l’Hôtel de Ville à Nago Okinawa s’est vu attribuer le Prix de l’Institut des architectes japonais.
Extrait de Kinya Maruyama, architecte workshopper collection “L’Impensé” Anne-Laure Egg